Egami . Mochizuki . Murakami

 

Avant-propos

Pourquoi de grands Maîtres japonais qui ont prôné le combat sportif, avec le temps, tiennent des discours différents où ils parlent de décontraction, d'esprit, de retour au traditionnel, de positions de corps plus basses ?
... Maître Kanazawa dans un magazine d'Art Martiaux parle du travail du fils du Maître Funakoshi, Yoshikata Sensei, de son travail ample, souple et de ses positions basses.

Le Karaté-do Shotokaï
...est le prolongement de l'esprit du Maître Funakoshi... Il est le fruit de la longue recherche du Maître Egami, son principal disciple. Il représente un idéal de vie et de pensée...


Biographie du Maître Tetsuji MURAKAMI

Le Maître T. Murakami est né le 31 mars 1927 à Shizuoka, ville au bord de la mer à environ 250 km au sud de Tôkyô. Il commença la pratique du Karaté à l'âge de 20 ans avec le Maître Masaji Yamaguchi (homonyme du fondateur du GojoRyu) qui enseignait le Karaté Shotokan. Il pratiqua aussi le Kendo, l'Aïkido et le Iaï avec le Maître Minoru Mochizuki. C'est par l'intermédiaire de Jim Alcheik qu'il rencontra au Japon, que Monsieur Henri Plée le fit venir en France au mois de novembre 1957. Il fut l'un des premiers Maîtres japonais qui vinrent en France enseigner le Karaté et il s'y fixa définitivement. Pendant dix années, il enseigna le Karaté (Shotokan) dans tous les pays d'Europe, ainsi qu'au Maroc et en Algérie.
A Paris, il s'installa boulevard Auguste Blanqui dans le dojo où pratiquaient les Maîtres de Judo Kawashi et Awazu.
C'est en 1962 qu'il commença à enseigner au dojo de la rue Mercoeur.
Lors de son retour au Japon en 1967, le Maître Oshima lui fit rencontrer le Maître Shigeru Egami qui lui fit découvrir une nouvelle forme d'entraînement. Le Shotokaï, développement du Karaté-do, était pratiqué au Shotokan ou Honbudojo (dojo Central), siège de l'association Shotokaï créée par le Maître Funakoshi. Ce fut une révélation.
De retour en France après deux mois passés au Japon, il consacra désormais toute son énergie à la connaissance de la pensée et du travail du Maître Egami. Le Maître Murakami est à ma connaissance le seul Maître qui a remis en cause son travail de Karatéka et son enseignement du Karaté. Il aurait pu se contenter de vivre sur sa réputation établie et reconnue de tous depuis des dizaines d'années ou d'élaborer encore une nouvelle méthode s'appuyant uniquement sur sa notoriété. Tel un peintre déchirant une toile consacrée par tous mais qui ne lui donne pas une totale satisfaction d'aboutissement et n'écoutant que son intuition profonde, le Maître Murakami modifia sa forme d'enseignement en essayant de convaincre et de faire partager à ses propres élèves de l'époque son changement de pensée et de conception. Beaucoup lui tournèrent le dos et l'abandonnèrent ; ils n'avaient pas compris cette nouvelle démarche. Pourtant ils avaient devant eux l'exemple vivant d'un homme qui fit du détachement le sens de sa vie. Le détachement pris au sens de la méditation dans le Zen ou le Yoga et bien sûr dans la pratique des Arts Martiaux. Le détachement est lié à la conscience et ne cherche pas de compensation. Il a suivi cette voie en France et en Europe.
Le Maître Murakami était un homme et un pratiquant exceptionnel, passionné et exigeant et toutes les personnes pratiquant ou non le Karaté-do Shotokan qui l'ont approché en gardent un souvenir inoubliable.
Il n'a pas pu malheureusement terminer son oeuvre...
Maître T. Murakami est décédé le 24 janvier 1987.

p. 94-14-167

Extraits de Karaté-Do, Voie du Coeur, par Yves Ayache, Editeur Guy Trédaniel.


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